Mercredi 21 juin 2017 à 04H24 du matin, se produira l’un des événements les plus importants de l’année : l’hémisphère Nord n’aura jamais été aussi proche du soleil. De ce point culminant, la Terre démarrera un nouveau cycle inverse : Le foyer originel des européens, le pôle Nord, commencera à s’éloigner progressivement du plus majestueux des Astres. Pour célébrer cet événement sacré, mais non religieux, les libres païens sont invités quelques jours plus tard (à défaut de pouvoir faire mieux) à la Guilde du solstice d’été : le 24 juin dans le 78 et le 1er Juillet dans le 50. (plus de détail sur ces rencontres païennes voir l’article https://www.pagans.eu/actu-guilde/

Oleg 

Voici un article décrivant cette célébration traditionnelle multi-millénaire:

Dans toutes les traditions païennes d’Europe, l’une des principales fêtes, voire la plus importante même, c’est le solstice d’été, moment qui marque le point culminant du soleil dans son cycle annuel autour du 21 juin. Le soleil est alors à son zénith, à l’endroit le plus élevé de son cheminement céleste. Le solstice d’été est ainsi associé au pouvoir majeur de l’astre-roi, incarnant l’ultime victoire des forces solaires et ouraniennes. Pendant cette célébration, le monde céleste est tout puissant, rayonnant de lumière, de joie, de forces vives, et conduisant à la victoire tous ceux qui collaborent avec le rythme des cycles saisonniers.

Le symbolisme des solstices a une particularité paradoxale, car ils ne coïncident pas avec les saisons correspondantes. En effet, le solstice d’hiver qui marque le moment le plus faible de la course cyclique du soleil, est aussi celui qui marque le retour des jours qui se rallongent et des forces solaires qui renaissent. Le solstice d’été quant-à lui désigne le moment le plus fort de la course cyclique, alors qu’à partir de ce moment les jours diminuent et les forces solaires s’affaiblissent. Le point le plus haut ouvre ainsi la phase descendante. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les solstices sont appelés les portes de l’année, et que dans la tradition païenne de Rome les solstices étaient intimement liés au Dieu Janus, le Dieu des portes. Ce Dieu est bicéphale, dont une tête regarde vers l’arrière et l’autre vers l’avant, marquant par-là la transition cyclique des solstices. Le christianisme toujours aussi sournois et prompt à corrompre les anciens symboles païens, récupéra le symbolisme des solstices avec la célébration de ses deux St-Jean, l’une le 24 juin et l’autre le 27 décembre, sans parler de Noël, autre fête pour le solstice d’hiver, dont les chrétiens firent la naissance supposée de leur nazaréen crucifié. Ce symbolisme paradoxal des solstices se retrouve également dans la tradition hindoue, tradition en partie héritière des Indo-Aryens. La transition du solstice hivernal se nomme chez eux devayâna (la voie des Dieux) et la transition du solstice estival se nomme pitriyâna (la voie des ancêtres). Dans ce cas la porte des Dieux (hiver) désigne la phase ascendante et céleste, alors que la porte des ancêtres (été) ouvre la phase descendante et chtonienne.

Dans les rites qui entourent le solstice d’été, nous retrouverons donc toujours les éléments symboliques qui lient les deux notions de cette porte cyclique: la victoire des forces solaires et la descente vers le monde souterrain de ces mêmes forces célestes. Certains mouvements païens comme le Asatrú Folk Assembly ont choisi de nos jours de célébrer la mort du Dieu solaire germano-nordique Balder durant le solstice d’été, ceci afin de marquer justement cette phase descendante des forces solaires à partir de cette date transitoire. Bien qu’il y ait une logique évidente dans ce choix qui est respectable, personnellement, je crois qu’il est mieux de célébrer cette mort du Dieu Balder en automne, saison qui est la période cyclique dédiée aux défunts.

L’élément incontournable des rites du solstice d’été est le bûcher. Ce sont les hommes du clan qui se chargent de dresser un grand bûcher pour le feu solsticial. Le feu et son symbolisme sont une célébration et un véritable hymne sacré aux forces solaires. Le feu, lorsqu’il monte vers les cieux, représente la victoire solaire, et, les flammes du bûcher qui diminuent symbolisent la phase descendante, le retour vers la terre. Le choix du bois pour le solstice d’été est lui aussi important et diffère selon les traditions païennes. Au milieu du bûcher, on place en général un mât représentant l’axis mundi, l’arbre cosmique, et, au sommet de cet axe, on place un symbole solaire (swastika ou roue solaire par exemple). Le symbole solaire qui brûle durant la cérémonie ne symbolise pas sa destruction, mais sa fusion avec les forces ouraniennes, une expression de l’harmonie absolue avec les puissances célestes. Le solstice d’été est une fête de la joie et de l’exubérance, élément qui se traduit par des danses et de la boisson qui coule à flots. Il est coutume de danser autour du feu en formant de grandes rondes, rondes qui évidemment sont un symbole du soleil et de sa course cyclique annuelle. Alors que le solstice d’hiver est une fête familiale et de recueillement, celle du solstice d’été est communautaire et allègre. Le clan et tous les amis se réunissent dans la joie et la bonne humeur, ingrédients caractéristiques du solstice d’été. Dans certaines traditions, il est également habituel que les participants s’approchent du bûcher en formant quatre colonnes selon les 4 points cardinaux. En tête de chaque colonne se trouve un porteur de la flamme sacrée, et avec leur torche ils allument le bûcher à tour de rôle. À ce moment, chaque porteur de torche peut prononcer une phrase rituelle comme suit: “Je viens du Sud et j’apporte la victoire – Je viens de l’Ouest et j’apporte le souvenir des ancêtres – Je viens du Nord et j’apporte la renaissance – Je viens de l’Est et j’apporte l’abondance”. Ces phrases sont bien-sûr adaptables à souhait du moment que l’on respecte le symbolisme des points cardinaux et de leur place dans la course solaire cyclique.

Dans de nombreuses traditions, au crépuscule du solstice ou bien à l’aube du solstice, ont lieu des rituels liés à l’élément symbolique “eau”. Ce sont les femmes du clan qui se chargent de cet aspect du rituel solsticial. Après avoir fait une offrande à la Terre-Mère ou à une autre Déesse représentant une des facettes de la Terre-Mère, les femmes se baignaient rituellement dans un cours d’eau pour invoquer les forces de purification. On offrait parfois une petite flamme que l’on déposait sur l’eau pour que le courant l’emporte, ce qui figurait la purification par le feu et par l’eau, ainsi que l’union des forces ouraniennes (le feu) et des forces chtoniennes (l’eau). Les femmes vont ensuite cueillir des fleurs et différents végétaux sacrés pour faire des couronnes avec lesquelles les participants se coiffent ou alors décorent les maisons et le lieu de la fête solsticiale. Ces couronnes sont elles aussi une image du soleil (le cercle) et de son union avec les forces vives de la terre (les fleurs). Cet aspect du solstice d’été se retrouve dans les sauts que les couples font au-dessus des flammes du bûcher afin non seulement d’être purifiés et consacrés par les forces solaires et ouraniennes, mais aussi de favoriser la fécondité avec l’aide symbolique de l’union du Ciel-Père et de la Terre-Mère. Cette union est célébrée dans la joie car elle se fait au moment où les forces célestes et solaires sont victorieuses, victoire qui permet le maintien de l’ordre cosmique et l’harmonie de la magie des cycles naturels. Les Dieux ouraniens donnent ainsi toute leur puissance au solstice d’été, raison pour laquelle il convient de remercier ces Dieux ouraniens, qui selon les traditions peuvent être nommés les Ases (Aesir de la tradition nordique), les Tuatha-Dé-Danann (tradition celte), les Olympiens (tradition gréco-romaine), ou encore les Deivas (tradition balte). Cette dernière tradition a d’ailleurs superbement conservé jusqu’à nos jours, la célébration du solstice d’été, au travers de rites comme celui de Koupala (voir lien à la fin).

Les femmes du clan sont aussi celles qui sont chargées d’un autre aspect magique du solstice d’été, celui de la cueillette des plantes sacrées, plantes aux vertus médicinales et surnaturelles. Ceci a survécu partout en Europe avec les fameuses herbes de la Saint-Jean, « herbes » qui ont toutes des vertus de purification et de guérison. On y trouve entre autres le millepertuis, l’achillé millefeuille, la joubarbe, l’armoise, le lierre terrestre, la marguerite sauvage, ou encore la sauge. En cette nuit la plus courte, les plantes en général reçoivent une force toute particulière venue des forces célestes, leur sève « chante » d’une puissance inégalée durant le reste de l’année. Les cueillir au crépuscule ou à l’aube a bien-sûr son importance, car c’est à ce moment que la lumière ouranienne et l’obscurité chtonienne s’unissent dans une harmonie divine.

Après cette courte présentation du solstice d’été et de son symbolisme, il apparaît de manière claire et nette que ce rituel sacré du solstice d’été est hautement important pour tout païen européen, car il nous place en harmonie avec nos Dieux et l’ordre cosmique, tout en générant un lien sacré avec nos ancêtres et leur mémoire plusieurs fois millénaires.

Hathuwolf Harson

Sources :
« Dictionnaire des symboles », Jean Chevalier et Alain Gheerbrant

« Les solstices », Jean Mabire et Pierre Vial.

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